Pourquoi Israël est déterminé à détruire le Hezbollah

Géo Politico
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Ce qu’il faut savoir pour comprendre pourquoi Israël est déterminé à détruire le Hezbollah et pourquoi maintenant.

Il n’est pas possible de comprendre ce qu’il se passe dans cette région du monde sans avoir une vue d’ensemble, car le Hezbollah n’est qu’un rouage.

Depuis le plan de partage de la Palestine en 1947, Israël a toujours eu des relations compliquées avec ses voisins arabes. Dans le temps long, il est intéressant de voir la situation comme un échiquier, où les forces en présences avancent et reculent leurs pions en fonction des opportunités et de ce qu’ils considèrent comme leurs intérêts supérieurs.

Israël

Le but premier d’Israël est de se protéger et d’évoluer dans un environnement prévisible. Le pays est entouré de nations arabes hostiles à sa présence, à commencer par l’Iran. Les deux pays se haïssent mutuellement. Israël fera tout ce qu’il peut pour faire échouer l’éventuelle levée des sanctions et voit d’un mauvais œil tout ce qui permettrait à l’Iran de développer son économie et sa prospérité.

Il en va de même avec la question du nucléaire iranien. Les israéliens ne veulent ni nucléaire civil et encore moins d’armement nucléaire en Iran.

Israël a été forcé à déplacer la population au nord du pays à cause des frappes du Hezbollah depuis le sud Liban.

L’Iran

Le général Qassem Soleimani a permis à l’Iran de financer, d’armer et de structurer des milices Chiites comme le Hamas en Palestine, le Hezbollah au Liban, Hachd al-Chaabi en Iraq, en Syries et Ansar Allah au Yémen. Cet ensemble est communément appelé l’axe de la résistance. L’Iran utilise ces milices pour attaquer et nuire à Israël sans être directement impliqué.

L’Iran est sous sanctions américaines puis internationales depuis 1979. Malgré des pratiques audacieuses pour vendre son pétrole à la Chine, l’Iran est asphyxié par les sanctions et tente par tous les moyens de se rapprocher de Washington pour en lever un maximum. Suite à la mort du président Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère en mai 2024, Massoud Pezechkian a été élu président de la République d’Iran. On dit de lui qu’il est un modéré soucieux de se rapprocher des États-Unis et plus généralement de l’occident.

Les accords d’Abraham

Signature des accords d'Abraham.

Les USA

Les États-Unis ont garanti les livraisons de matériels, d’armes et de munitions pour Israël. Selon The Jerusalem Post, depuis le 7 octobre 2023, les États-Unis ont affrété 500 vols à cet effet. Cependant, Washington a clairement fait savoir qu’ils n’interviendraient pas dans une opération terrestre.

Pendant sa présidence, Donald Trump a négocié les accords d’Abraham. Ces accords signés en septembre 2020 ont permis d’une part à formaliser la paix entre Israël et les Émirats arabes unis et entre Israël et Bahreïn d’autre part. Le Maroc et Israël concluent, en novembre 2021, un accord de coopération sécuritaire. Puis, en janvier 2021, Israël et le Soudan ont normalisé leurs relations.

L’Égypte, Oman et Bahreïn ont quant à eux soutenu ces accords qui, il faut le souligner, sont historiques.

L’Arabie Saoudite

L’Arabie Saoudite joue un rôle important au Liban, car il supporte le gouvernement libanais au nord, alors que l’Iran supporte le Hezbollah au sud Liban. L’Arabie Saoudite veut développer un programme nucléaire.

Mohammed ben Salmane a décidé de sortir du système des pétrodollars et par conséquent utiliser le yuan pour les transactions pétrolières. Les États-Unis ne réagissent pas publiquement, mais Mohammed ben Salmane marche sur des œufs.

Le Maroc

Suite à la signature de l’accord de coopération sécuritaire avec Israël dans le cadre des accords d’Abraham, le Maroc a également obtenu le Sahara occidental au détriment de l’Algérie.

Le Soudan

En signant les accords d’Abraham, le Soudan accepte de reconnaitre l’état d’Israël. Les deux pays coopèrent dans les secteurs de l’agriculture et de la santé. Sur le plan militaire, Israël peu fournir du matériel de renseignement qui permettrait au Soudan de lutter de façon beaucoup plus efficacement contre le trafic d’armes opéré dans ses ports et traversant ses eaux territoriales. Le Soudan a par ailleurs obtenu son retrait de la liste des états terroristes.

Bahreïn

Bahreïn profite aussi de la signature des accords d’Abraham avec notamment des visites officielles croisées, forums politiques en alternance dans le Golfe et en Israël. Les accords sécuritaires permettent au pays de se protéger de l’influence supposée de l’Iran sur l’opposition chiite du régime sunnite en place à Bahreïn.

Les autres voisins d’Israël

La Syrie

La Syrie est un soutien historique de la Palestine et du Hezbollah, cependant, depuis 2011 et le début de la guerre civile syrienne, le régime de Bachar el-Assad est très affaibli et ne contrôle qu’une partie du pays. La Syrie n’est pas en mesure d’influencer la situation dans la région ni même de se défendre. Depuis le 7 octobre 2023, Israël y a mené plus de 180 frappes en toute impunité.

L’Égypte

L’Égypte à une frontière commune avec la bande de Gaza, qu’Israël a tenté d’utiliser pour faire fuir les palestiniens lors de l’opération militaire qu’a lancé Israël en réponse a l’attaque du 7 octobre 2023. Cependant, les relations entre Israël et l’Égypte sont normalisées depuis 1979.

Le parfait alignement des planètes

Israël est actuellement dans une phase que l’on peut décrire comme le parfait alignement des planètes et Benyamin Netanyahou l’a très bien compris. Aucun de ses voisins arabes ne lèvera le petit doit.

L’Iran a désespérément besoin de la levée des sanctions internationales contre son économie et donc d’avoir de bonnes relations avec les États-Unis, protecteur inconditionnel d’Israël.

La signature des accords d’Abraham entre les États-Unis, Israël, le Maroc, Bahreïn et le Soudan, fait que ces derniers ont trop à perdre en prenant parti pour le Hezbollah.

Les relations entre Israël et l’Égypte sont normalisées depuis 1979, donc cette dernière n’a aucun intérêt de se brouiller avec son voisin israélien sur la question du Hezbollah.

Les États-Unis sont dans une année électorale et les candidats à l’élection présidentielle n’ont pas d’autre choix que de soutenir Israël parce qu’ils dépendent des donations provenant des israéliens vivant aux États-Unis. Depuis l’annonce du président Biden de ne pas se représenter à l’élection présidentielle de 2024 au profit de sa vice-présidente Kamala Harris, on sent bien que le flottement aux États-Unis s’intensifie. Les opérations militaires lancées par Israël en réponse aux attaques palestiniennes du 7 octobre 2023 se transforment peu à peu en épuration ethnique décriée par la planète tout entière. Malgré ça, les américains continuent d’envoyer armes et équipement aux israéliens. En conséquence, il est tout à fait illusoire de croire que les américains s’opposent à la destruction du Hezbollah.

En prenant de la hauteur et en analysant la situation complexe dans laquelle se trouve cette région du monde, on est en mesure de comprendre pourquoi Israël est déterminé à détruire le Hezbollah et pourquoi maintenant.

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